Au lendemain de la guerre l’objectif d’une société de moteurs d’avion était d’étudier et de produire des moteurs à réaction, propulsant l’avion en lui appliquant une poussée égale et opposée à la quantité de mouvement d’un gaz éjecté vers l’arrière à grande vitesse.
Avant d’exposer ces recherches, rappelons les rêves à leur propos du philosophe Gaston Bachelard dont des amis me conviaient à cette époque à écouter les conférences à l’École Normale Supérieure, en même temps qu’un apologue imaginé par le poète Francis Jammes, dont j’ai pris connaissance un peu plus tard.
John le Sauvage du Meilleur des Mondes d’Huxley disait qu’un philosophe est un homme qui rêve « de moins de choses qu’il n’en existe sur la terre et dans le ciel ». Pour l’écrivain Raymond Quéneau, les philosophes étaient les visiteurs de Luna Park qui s’asseyaient devant un courant d’air artificiel pour le voir soulever les jupes des femmes, mais pas au point de les faire s’envoler[1]. Quant à Bachelard, sans pour autant négliger la connaissance scientifique des choses qui existent sur la terre et dans le ciel, il a longuement médité sur « la matière dont les rêves sont faits », et sur leur forme : en particulier celle du rêve de vol.