La recherche artistique, en particulier musicale peut être vue comme un artefact: produit par des cordes vibrantes, des embouchures de flûte, des battements sur des peaux amplifiés par des caisses de résonance.
La musique est capable de provoquer dans son environnement de fortes émotions, différentes suivant les populations : les fosses nasales des asiatiques diffèrent de celles des occidentaux, les cordes vocales des africains sont plus longues. Elle fait intervenir quelques structures formelles, quelques archétypes d’apparence universelle : certains singes reconnaîtraient l’intervalle d’octave. Mais la plupart d’entre nous ne savent pas ce que disent les oiseaux quand ils chantent : on peut supposer qu’ils communiquent par mimétisme pour persévérer dans leur être.
Quant à l’environnement, dont on estime qu’il commande le but de l’activité de recherche d’un compositeur, ou qu’il exerce une influence déterminante sur elle, si on retient d’abord le milieu professionnel au sein duquel il évolue, il n’est pas très différent en nature de celui d’un ingénieur cherchant à créer un système adapté à ses buts : la meilleure preuve en est l’empressement qu’il a mis à utiliser les moyens de conception assistée et même automatisée par ordinateur.
Le compositeur et l’ingénieur, et probablement le sculpteur et le peintre, l’autiste, ou un Chaman, rencontrent des problèmes analogues de représentation de ce qu’ils ont en tête, de conception de l’architecture d’ensemble de l’œuvre, et les mêmes difficultés de création, s’ils doivent faire face au milieu professionnel en place, dans ses préjugés, aussi destructeurs sinon plus qu’un parterre d’auditeurs insensibles.